de pyreneesgascogne » Mer 11 Nov 2009 19:20
Bonjour à tous,
Ci-dessous un courrier adressé à la République des Pyrénées et Sud-Ouest par mail.
Je l'enverrai probablement plus tard par voir postale à Mme la Députée-Maire, au Préfet, et au commandant de gendarmerie de Laruns.
Malheureusement, il n'y a pas que les chevaux qui se sont fait prendre par la neige sur la route qui mène au col du Pourtalet........
Comme tous les dimanches matin, Axelle et moi (Nathalie), deux inconditionnelles de montagne, décidons de partir
en direction du Col du Pourtalet. La météo s’annonce un peu difficile certes, mais rien qui puisse sembler inconsidéré pour autant. Tout au plus les températures seront assez fraiches, quant à la tempête elle n’est prévue que pour le milieu d’après-midi donc...
Le site Bison Futé ne mentionne pas de cols fermés à part celui de l’Aubisque.
Nous partons donc toutes les deux en direction le col du Pourtalet avec notre 206 équipée de 4 pneus neige et de chaînes au cas où…
Sur la route, toujours pas d’indications de fermeture du col, nous apercevons juste un panneau à la sortie de Gan précisant "circulation difficile". Cela ne suffit pas à nous décourager puisque l’an passé nous sommes montées dans des conditions très difficiles sans avoir à chaîner ! On verra sur Laruns s’il y a des changements.
Arrivées sur place toujours pas d’indications, nous nous connectons sur nos Iphones pour voir si des modifications ont été enregistrées sur le site Bison Futé, non rien, col ouvert.
Nous remarquons que les déneigeuses ne sont pas sur la place de l’hôtel de ville comme à leur habitude malgré l’heure matinale… Les gars de l’équipement sont certainement déjà sur le terrain pour dégager la route.
La progression se fait normalement, il y a bien un petit tapis de neige mais rien de bien comparable à que ce que nous avons connu l'an passé. Pour moi, c'est sûr, la pelleteuse est en haut, elle a ouvert la route puisque la neige est ramassée sur les côtés et que la route reste très bonne. Nous poursuivons notre chemin, passons le barrage d'Artouste, puis les 1er, 2ème, 3ème paravalanches mais au moment où nous atteignons presque la frontière
(500m après paravalanches construit en 2008) plus moyen de progresser. Nous décidons donc d'équiper la voiture de nos chaînes. Manque de chance, l'une d'entre-elle casse et nous nous retrouvons sans pelle pour nous dégager.
Il est 10h du matin….
Après un court moment de réflexion, nous décidons d’abandonner la voiture sur place et de marcher jusqu'au Col en espérant que les Ventas seront ouvertes pour qu'on puisse y acheter des chaînes et une pelle.
5Km plus loin, malgré les polaires et nos blousons en Gore-Tex, nous arrivons aux Ventas avec nos deux chiens complètement transies.
Nous achetons tout ce dont nous avons besoin mais par prudence avant de redescendre à la voiture nous téléphonons à la gendarmerie de Laruns pour qu'ils contactent l'équipement (car en fait nous n’avons vu aucune déneigeuse sur le parcours). Il est environ 11h40 et c'est le début d'une longue, très très longue attente...
La gendarmerie me répond mots pour mots "Ce n'est pas de notre ressort, démerdez-vous ! Vous n'avez qu'à demander à votre service assistance de venir vous chercher!"
Oui d'accord, mais comment vont-ils faire si la route n'est pas déneigée?
Voyant que les gendarmes se fichent de ce qui pourrait bien nous arriver, je contacte les pompiers qui à leur tour me dirigent vers la gendarmerie... J'explique qu'on m'a gentiment dit de me « démerder » quelques secondes plus tôt mais j'obtiens tout de même que l'équipement soit contacté au plus vite.
Je respire, on m'assure qu'une déneigeuse va venir, peut-être pas dans la demi-heure mais qu'elle va venir.
Il est 12h15…
A 12h46 je contacte une nouvelle fois la gendarmerie car rien se passe, je recommencerais à 14h38, 15h29, 17h24....
Entre temps nous avons récupéré aux Ventas d'autres français venant d'Espagne, eux aussi bloqués au Col.
A 17h30, une déneigeuse arrive enfin mais repart aussitôt sans s'assurer que les véhicules peuvent la suivre et passer sans encombre.
Un homme accepte de nous prendre en stop avec nos chiens tandis qu'on aperçoit la pelleteuse s'éloigner entre deux rafales de vent, car maintenant la tempête bat son plein.
Une voiture située devant nous s'encastre sur une bosse, la voiture est en équilibre, impossible de la débloquer malgré les pelles et les bonnes volontés. Il y a à son bord, 3 adultes et 2 bambins. L’un a tout juste 6 mois, l’autre environ 4 ans, quant à la maman elle est enceinte jusqu’aux yeux.
A 18h29 j'arrive enfin à capter le réseau que nous avions perdu, je rappelle la gendarmerie pour m’entendre dire :
"Qu'est-ce que vous voulez ça me fasse, et qu'est-ce que j'y peux si vous êtes tous restés coincés là-haut?"
Ca fait maintenant plus de 6h que nous sommes coincées et je commence à perdre patience…
J'explique que dans la voiture bloquée se trouvent un bébé de 6 mois, un de 4 ans etc.
La déneigeuse est dans l’obligation de remonter pour eux, il nous faut attendre.
Au passage, je remercie Dieu d’avoir mis ces enfants sur la route car c’est grâce à eux que nous ne passerons pas la nuit en montagne !
La tempête commence à s’apaiser mais des éclairs vraiment impressionnants déchirent la nuit, nous restons donc en sécurité dans la voiture de notre bon samaritain.
Vers 19h la déneigeuse arrive enfin, les gars soulèvent la voiture avec le tractopelle pour la dégager et cette fois attendent sur place pour s’assurer qu’aucun véhicule ne restera bloqué.
J’explique au gars que ma voiture est restée sur la route, 5km en contrebas, les warning allumés.
Il me dit : « Nous ne pourrons pas la dégager ce soir, en passant éteignez les feux de détresse et demain matin contactez ce N° car des équipes vont être dépêchées sur place en urgence depuis Pau »
Nous laissons donc notre voiture là où nous avions dû l'abandonner, il fait nuit noire.
Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que s’il ne s’était pas écoulé 7h avant qu’on se décide à nous envoyer enfin quelqu’un, nous aurions pu récupérer notre véhicule…. Mais enfin, il faut relativiser, l’histoire se termine bien tout compte fait et puis notre « sauveur » accepte de nous déposer à notre domicile de Billère, bref de quoi nous rendre heureuses dans notre malheur.
Hier matin je contacte donc la DDE dès 8h, le gars m'affirme qu'ils sont déjà sur le terrain pour déblayer la route.
Il me dit qu’il me contactera pour me dire quand le col sera ouvert, sans doute en fin de matinée.
Comme nous habitons à 70km de là, on décide de se rapprocher.
Nous apprenons que la liaison sncf Buzy-en-Béarn/Laruns a été définitivement supprimée, génial….
Seule solution donc, prendre un taxi qui accepte de nous amener jusqu'à notre véhicule depuis Pau !
Nous trouvons un chauffeur très sympathique qui nous emmène sur place, seulement voilà, le déneigement a été interrompu vers 11h à seulement 5 petits km de notre voiture (peut-être moins)!!!
De plus, afin d'être certain qu'aucun 4x4 ne pourra passer, le chef d’équipe a fait bloquer la route par un mur de glace d’1m50 !
Là je suis plus qu’irritée, c’est à se demander s’ils n’ont pas fait exprès de s’arrêter à une petite distance de ma voiture en faisant tout pour que je ne puisse pas la récupérer ?
Je téléphone à tout le monde, à la DDE de Pau, de Laruns, aux ouvriers, à leur chef, à la Mairie, mais c'est partout pareil, silence radio pas moyen de savoir si la déneigeuse va reprendre et si oui quand ? Tous assurent qu’ils me rappelleront sauf que j'attends encore.....
Finalement une déneigeuse monte, ouf nous sommes sauvées !!!
A ceci près que nous la voyons faire demi tour et que le conducteur refuse catégoriquement de virer le mur de glace pour nous faire une passe jusqu’à la voiture. Là je suis K.O, je me demande bien pourquoi il est monté vu qu’il n’y avait plus rien à déneiger jusqu’au « bourrelet de neige »?
J'enrage d'autant plus que de l'autre côté du mur il n'y a pas beaucoup de neige (vu que le passage avait été fait la veille au soir pas les engins) et qu'il suffirait tout compte fait d'un tout petit peu de bonne volonté pour que je récupère ma voiture... Le chauffeur de taxi qui est originaire de la vallée de Barétous nous confirme ce que nous pensons déjà Axelle et moi, à savoir qu’on nous balade et qu’on se fiche de nous ouvertement !
Le conducteur d’engin nous précise toutefois qu’on pourra contacter son chef vers 14h30 et nous communique son N° de portable.
Plutôt que d’attendre bêtement, nous proposons au chauffeur de taxi d’aller manger un morceau à Laruns, on verra plus tard. A 14h, nous nous rendons à la mairie de Laruns, histoire de faire bouger les choses.
Pour une fois, nous tombons sur des gens compétents et très aimables, une secrétaire et un garde champêtre.
Ils téléphonent, essayent d’expliquer la situation mais n’ont en retour qu’une foultitude d’âneries et plus grave de mensonges. La femme qu’ils ont en ligne va jusqu’à prétendre que la déneigeuse est en panne alors que nous l’avons vu de nos yeux en fonctionnement. Plus tard elle dira même que je n’aurais pas dû monter puisqu’il n’y avait pas d’équipements en place. Je me demande si elle aussi me prend pour une conne, vu qu’à 11h45 quand je l’ai eu en ligne, elle m’a affirmé que les gars étaient sur le terrain en train de déblayer, ce à quoi j’avais répondu, je suis sur le terrain, devant le bourrelet de neige qui obstrue la route mais il n’y a plus personne sur place !!!
Elle devait me rappeler, ou son chef…..
J’essaye de contacter le portable du chef, il est évident que ce monsieur filtre car ça sonne dans le vide jusqu’à la messagerie…
A 15h00 je suis toujours sans nouvelles, je décide donc reprendre mon taxi et de rentrer sur Billère puisque de toute façon la nuit va bientôt tomber, c'est donc fichu pour aujourd'hui....
Je laisse tout de même les clefs au garde champêtre dès fois que.... je lui explique aussi que même si ça ne se voit pas, je souffre d’une maladie osseuse qui touche tout le squelette et que je suis reconnue handicapée à 80% depuis 8 ans. Si je peux me tenir debout c’est uniquement parce que je prends des doses massives de morphine, et aussi sans doute parce que j’ai pour la montagne un amour immodéré. Les passions permettent souvent de se surpasser….
Je lui donne donc une copie de ma carte d’invalidité et insiste sur le fait qu’il faut absolument que je puisse récupérer mon véhicule car je sais que mon état de santé, ne me permettra pas de faire des allers-retours de chez moi à la librairie tous les jours.
J’ai bien mon fauteuil roulant à la maison avec lequel je me suis déplacée pendant 3 ans mais allez donc vous servir d’un fauteuil sur Pau, où rien n’a été aménagé pour les personnes à mobilité réduite !
Bref, nous rentrons sur Pau, il est 16h30 et nous avons payé 260€ de taxi pour rien…..
Nous passons par le conseil général où l'on prend un malin plaisir à nous renvoyer de bureaux en bureaux, de N° en N° de téléphone. Je continue d’appeler tous les responsables dont j’ai pu obtenir les noms, tous promettent de me rappeler mais personne ne le fait.
J’ai fini par menacer de parler de cette épopée rocambolesque à tous les journaux du secteur, en n’oubliant pas de communiquer les noms de ceux qui devaient me contacter mais qui ne l’ont pas fait…
Curieusement, 5mn plus tard, j’ai eu une personne en ligne pour m’assurer que tout serait fait, mais je suis comme Saint Thomas maintenant… j’attends de voir !
La seule personne qui a pris le temps de me joindre hier en fin de journée pour savoir où en étaient les choses
est la déléguée d'astreinte de la DDE de Pau. C’est tout de même incroyable car tout compte fait dans cette affaire, ce sera la SEULE personne qui n’est absolument pas concernée (puisqu'elle gère les routes de l'Etat type nationales et non les départementales !) qui prendra de mes nouvelles et essaiera de faire bouger les choses…
Toutefois pas sûr qu’elle y parvienne car en théorie, elle n’a pas à intervenir sur une équipe qui ne dépend pas de son service….
Alors voilà, je ne sais pas si vous êtes intéressée pour faire un papier là-dessus, mais je crois qu’il n’y a plus que la Presse pour faire bouger les choses et surtout pour faire en sorte que plus jamais quelque chose comme ça ne se reproduise !
Heureusement contrairement aux autres français bloqués ce jour là, nous avons l’habitude de la montagne et que nous ne partons pas sans avoir dans nos sac, eau, café, soupe, sucre, couverture de survie, trousse de secours et chaussettes ultra-chaudes + polaires de secours. Nous aurions donc pu tenir toute la nuit dans la voiture.
Mais ça ne pardonne pas pour autant la non-assistance pendant plus de 7h, ça ne pardonne pas les phrases des gendarmes (démerdez vous, qu’est-ce que vous voulez qu’j’y fasse etc.), ça ne pardonne pas la mauvaise volonté des services de la DDE, DDEE, PESOA, etc. Ca ne pardonne de s’être fichu de nous délibérément en nous baladant de services en N° de téléphones etc.
Mais surtout, surtout, ça ne pardonne pas de ne pas avoir fait TOUT CE QU’IL FALLAIT dès dimanche matin pour empêcher les gens de monter sur le col !!!!
Tout ce qui s’est passé, les voitures bloquées ou parties dans le décor, résulte de l’incompétence flagrante des services de la DDE de Laruns et de l’inconséquence des gendarmes et pompiers du secteur.
C’est à eux et à eux seuls de porter la responsabilité d’un tel fiasco et n’oublions pas que les choses auraient vraiment pu mal tourner si je n’avais pas réussi à capter de nouveau le réseau mobile pour appeler au secours !
Nous vous remercions par avance de la suite que vous voudrez bien donner à ce courrier.
Salutations montagnardes.