Communiqué à l'occasion de la réunion publique du 11 mars 2009
Les Patous Palois et le sport pro
Quel est le coût total du sport professionnel pour les contribuables ?En préambule du conseil municipal du 18 décembre 2008, la mairie de Pau avait publié une synthèse des subventions reçues par les clubs professionnels de l'agglomération paloise (à l'exception du Billère Hanball). On y apprenait ainsi qu'ils recevaient environ 3 millions d'euros de subventions par an, venant aussi bien de la ville elle-même que de la CDA. Il faut féliciter la mairie pour cet initiative de transparence, inédite à Pau, qui permet aux citoyens de mieux de se rendre compte des coûts du sport professionnel pour la collectivité.
Néanmoins, pour être vraiment complet l'exercice ne devrait se limiter ni à ces trois clubs ni aux subventions directes: il faut prendre en compte les grands équipements (coûts d'investissement, de fonctionnement...), les grands évènements organisés dans l'année (Grand Prix...), les subventions indirectes, la mise à disposition de personnel et matériel municipaux, etc...
Une difficulté importante apparaît immédiatement : en l'absence de compatibilité analytique, il est très difficile -même pour la mairie- d'avoir une vue précise et complète de l'ensemble des coûts: par exemple quand le service des espaces verts entretient les abords du Palais des Sport ou le stade du Hameau, remet en état le parc Beaumont après le Grand Prix, ou bien quand les rues où passe le Grand Prix sont refaites, cela se perd dans la comptabilité générale.
Par curiosité nous avons quand même tenté l'exercice, que nous vous livrons ici, en listant tous les postes de dépenses et en essayant d'estimer les coûts cachés (avec les approximations que cela suppose). Outre la note de presse déjà citée, nous avons utilisé une autre synthèse de la mairie, concernant les grands équipements. Nous avons retenu plusieurs degrés de coûts : ceux qui sont vérifiables sans contestation, ceux qui sont hautement probables, et ceux qui résultent d'estimations de tous les coûts cachés (certains venant de sources officieuses), et qui peuvent se discuter. Mais dans tous les cas nous pensons être restés réalistes.
Les chiffresIl en ressort que les coûts prouvés sont de 6,5M€ (3,3M€ pour la ville, 3,2M€ pour la CDA). Mais si on passe aux coûts estimés, ce chiffre grimpe à presque 10M€: on aurait (conditionnel de rigueur) 6,15M€ pour la ville, et 3,65M€ pour la CDA. En ventilant la part de la CDA au prorata du poids démographique de Pau (environ 50%), il en ressort qu'environ 8M€ de dépenses pour le sport professionnel reposeraient d'une manière ou d'une autre sur les épaules des contribuables palois. Soit 100€ par palois et par an, ou bien encore 400€ par ménage et par an : ce n'est pas rien.
Quelques commentaires s'imposent:
ce chiffre très élevé est sans doute très supérieur (le double ? Le triple ?) à ce qui se fait en moyenne dans les villes de taille équivalente, qui n'ont pas de Grand Prix à faire vivre, qui ne supportent qu'un club de haut niveau, etc...
les aberrations évidentes sont le Grand Prix par son coût, et le complexe de pelote et la base d'eaux-vives par leur faible potentiel de public et d'amateurs.
Les besoins non satisfaits dans la villeOn peut mettre ces dépenses importantes en regard des besoins tout aussi importants de la ville en investissements pour le « quotidien » : rénovation du centre, des voiries, du patrimoine immobilier public, développement des transports en sites propres, etc... et en regard du niveau élevé des impôts locaux. La mairie a pris la mesure de l'héritage du passé et des besoins d'investissement, mais on peut légitimement se demander si le maintien d'un haut niveau de dépenses pour le sport professionnel sera compatible avec la satisfaction rapide des besoins actuels.
Par ailleurs est-il raisonnable, dans le contexte de crise économique actuel, de se payer le luxe de tous ces excès dans le sport de haut niveau, alors que beaucoup de contribuables souffrent financièrement et au détriment des choses essentielles ?
L'image de PauLa justification qui revient le plus souvent pour subvenir au sport professionnel est l'image de la ville. On entend pourtant régulièrement les milieux économiques (mais pas seulement eux!) se plaindre que la ville souffre d'un déficit d'image, ce qui est complètement contradictoire avec les sommes importantes que l'on consacre à cette image depuis 20 ans, donc. De là à en déduire que l'impact du sport professionnel sur l'image de la ville est loin d'être aussi important qu'on nous le dit, il n'y a qu'un pas...
Le problème en ce domaine est que pas grand chose n'est vérifiable. Où sont les études de notoriété, où sont les audits, qui démontreraient réellement ce qu'apporte le sport professionnel à Pau en terme d'image, et surtout en retombées financières liées à cette image ? Peut-être faudrait-il commencer par là, par exemple pour le Grand Prix. Il se pourrait alors qu'il y ait des surprises...
Le tour de France est probablement la manifestation « paloise » qui a le meilleur rapport « gain de notoriété / coût » grâce à son audience mondiale, avec en plus l'intérêt de faire le lien entre Pau et les Pyrénées. Pour toutes les autres manifestations on peut se poser beaucoup de questions.
Que suggérons-nous ?En premier lieu que la mairie reprenne à son compte cet exercice de synthèse étendue de toutes les dépenses, directes ou indirectes, liés au sport professionnel, en s'attachant notamment à tous les coûts cachés. Un audit externe pourrait même être réalisé sur le Grand Prix (la plus forte dépense).
Mais compte tenu de ce que l'on constate dès aujourd'hui, on ne devrait raisonnablement pas éviter une réduction de l'enveloppe globale et donc une remise en cause de certaines dépenses. La mairie envisage-t-elle de s'engager dans cette voie ? A quel rythme ? Comment ?
Les solutions sont multiples, des plus douces aux plus radicales : diminuer les subventions du club le mieux doté ? De tous les clubs ? Ne plus soutenir qu'un seul club de haut niveau ? Faire évoluer le grand prix vers un événement différent et moins coûteux ? Supprimer le grand prix ? Revendre le complexe de pelote ? Le stade de kayak ? Faire jouer le Billère Handball au Palais des Sports pour mieux l'utiliser ? Faire prendre intégralement en charge par la CDA toutes les dépenses afin qu'elles reposent moins exclusivement sur Pau ? Le débat est ouvert. Et pourquoi pas un référendum local sur ces sujets ?
Annexe 1 : tableau récapitulatif - voir dans le document complet :