Sud-Ouest du 8 février traite le même sujet. C'est édifiant ! C'est l'illustration de la malhonnêteté intellectuelle ou de l'incompétence de ceux qui nous vendent à longueur de discours du développement durable comme ils vendraient des produits amaigrissants, sans se préoccuper du résultat à long terme. On fait du développement durable un outil de marketing, de communication politique. Ce qui fait que les employés territoriaux ou les salariés des SEM n'en ont finalement pas grand chose à faire qu'entre le discours et le résultat réel il n'y ait pas de lien. On a vendu une idée, pas un résultat.
La résidence Aci qu'em plan (« ici on est bien »), place Pierre-Gabard, à Jurançon, porterait bien son nom s'il était fait abstraction des factures de chauffage et d'eau chaude dont le montant est jugé « trop important » par les habitants. « On nous avait promis des économies d'énergie », sourit Françoise, l'une des habitantes en colère, en montrant la plaquette de présentation de la résidence « aux objectifs haute qualité environnementale » sur laquelle on peut lire : « Optimiser le confort thermique et la maîtrise de l'énergie », « 30 % d'économie d'énergie réalisés ». (...)
« Dysfonctionnements »
« Il peut faire 23° dans le couloir et 17 dans les chambres. C'est normal, il y a les tuyaux d'eau chaude qui passent dans le couloir et c'est là que se trouve le thermostat ! » confie Pierrette, qui s'est employée, avec trois autres locataires, à révéler les « dysfonctionnements ».
Le 31 mai 2008, les locataires reçoivent une première facture de charges locatives qui les ravit. Ils doivent payer moins que ce qui avait été demandé en provision de charges.
En mai 2009, les choses sont différentes. Une famille de trois enfants logeant dans un T4 qui a payé 103 euros de charges par mois d'avril 2007 à mai 2008 se retrouve avec une facture de 126, 56 euros. La différence n'est pas énorme, sauf que les absents ou les économes connaissent eux aussi une hausse.
Les contestations commencent à pleuvoir. 23 locataires envoient alors un courrier recommandé au bailleur social, la Béarnaise d'habitat, pour réclamer une facture basée sur la consommation réelle, relevée au compteur.
Cadeau de Noël
La chose est entendue. Le 26 décembre 2009, en guise de cadeau de Noël, les locataires reçoivent une régulation de charges. Certaines familles doivent débourser 600 euros d'un coup (ce qui fait passer la facture mensuelle à 200 euros) !
De nouveau, la colère grandit. Une pétition compte 35 signatures. Elle est envoyée au bailleur, mais ne reçoit pas de réponse. Le 4 janvier 2010, les locataires envoient de nouveau une missive. « L'eau chaude, payée en 2007, 2, 50 ? le m³, a fait un bond de 450 %, soit facturée 11,60 ? le m³ en 2008. Comment justifiez-vous cela ? Notre économie ne devait-elle pas correspondre à 30 % moins cher grâce à l'installation de panneaux solaires ? » écrivent-ils. Les locataires s'estiment « lésés et avoir été suffisamment patients ».
Une rencontre est organisée à la Béarnaise entre les quatre locataires représentantes et le responsable de la gestion locative, Gilles Loustalé. « Nous lui avons dit qu'il y avait un dysfonctionnement de l'installation. Nous avons demandé un audit indépendant. Il a fait passer l'installateur », raconte Pierrette.
Une des locataires a perdu patience et veut porter l'affaire au tribunal. Les autres n'ont pas du tout l'intention de payer.
La réponse de la Béarnaise
La tension n'est pas retombée ces derniers jours, malgré l'organisation, mercredi 3 février, d'une réunion collective avec les locataires à la Maison des associations de Jurançon.
Gilles Loustalé leur a apporté certaines réponses. « Je leur ai fait un complément d'information concernant la facture de gaz. Je leur ai montré que la facture moyenne par logement était de 35 ? par mois. En résidence comparable que l'on gère, avec le même principe de chauffage, la facture est de 54 ? et 46 ? par mois. En moyenne, pour un T3, la facture est de 25 ? par mois, c'est très raisonnable ! » explique Gilles Loustalé.
Pour lui, le problème n'est pas là. « Nous devons trouver la meilleure clé de répartition possible en fonction de la surface et de l'eau consommée ainsi que les pertes sur le réseau qui sont de l'ordre de 20 à 50 %. »
La Béarnaise a fait un geste pour 2008 et 2009 en faisant un rabais d'1,80 ? par m³ d'eau consommée. Elle va prochainement présenter aux locataires une nouvelle clé de répartition sous la forme d'une convention qu'ils devront signer.
Pierrette et ses voisines sont décidées. Elles ne signeront pas cette convention. Elles ont été très déçues par la réunion. « La Béarnaise nous fait un petit rabais sur le prix du m³. Ça va lui coûter 2 300 ?, c'est rien pour elle. On n'a pas envie de faire l'aumône ! Quand il compare le prix avec d'autres résidences, elles n'ont rien à voir avec la nôtre ! »
Auteur : odile faure