Il s'agit de dépasser le concept souvent fumeux d'éco-quartier, pour changer les modes de vie, et pas simplement pour appliquer de recettes techniques d'économies d'énergie, d'eau (ce qui est bien en soi, mais qui est insuffisant).
Les éco-constructions, les "quartiers durables", sont des concepts qui existent depuis de nombreuses années dans des pays comme l’Allemagne et qui, timidement, commencent à faire leur chemin en France. L’enjeu consiste à construire des habitations ou des bureaux économes, sinon autonomes, en énergie. Les solutions techniques sont connues (isolations renforcées, vitrages spéciaux, panneaux solaires, solaire passif, puits canadiens, la de l’eau de pluie...), ne reste plus qu’à les appliquer à grande échelle chez nous.
Mais construire des bâtiments économes en énergie n’est qu’un des éléments du problème. L’étape suivante, plus complexe, consiste à penser l’urbanisme lui-même dans une optique d’économies d’énergie, et tout aussi important, de qualité de vie. Ces deux objectifs ne sont pas si indépendants qu’il ne parait au premier abord : par exemple, minimiser les besoins de déplacements motorisés, voire les déplacements tout court, est positif aussi bien en terme de dépense d’énergie qu’en terme de qualité de vie. Il est plus agréable pour un enfant (et ses parents) de pouvoir aller seul à l’école à pied ou à vélo, avec ses copains, parce que le quartier a été conçu pour, plutôt que de devoir faire un trajet plus ou moins long en voiture.
Un quartier qui offre de nombreux services sur place, ou des transports en commun efficaces pour les services qui ne sont pas sur place, est plus agréable à vivre qu’un quartier où rien n’existe et où la voiture est indispensable.
Un quartier conçu pour favoriser les liens sociaux, les rencontres, et l’entraide entre ses habitants est plus agréable à vivre qu’un quartier où les gens s’ignorent parce qu’ils n’ont pas d’occasions de se parler. Un quartier où les enfants peuvent jouer dehors sans surveillance est plus agréable qu’un quartier où cela est impossible parce qu’il y a trop de circulation ou parce que personne ne fera attention à eux.
Des quartiers comme cela existent. Peu nombreux, certes, mais ils existent. L’exemple le plus connu est celui du quartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne, différent de Fribourg en Suisse). Edifié sur une ancienne base militaire française proche du centre-ville, il rassemble tout ce dont nous venons de parler. Un lien (qui insiste plus sur l’aspect écologique) et une copie d’article de journal (en bas du texte, et qui insiste plus sur l’aspect social) vous donneront une idée de ce qu’est ce quartier :
http://rue-avenir.ch/fileadmin/user_upl ... 4-2002.pdf
Et pour Pau ? A l’heure où l’on entend parler d’un projet de quartier durable sur la zone de la gare, ne serait-il pas formidable que Pau soit en pointe sur ce sujet en France, en s’inspirant d’expériences comme le quartier Vauban ? Cela en ferait un magnifique projet pour les palois. On vous offre une visite à Fribourg, monsieur le Maire [NDR: Yves Uriéta était maire quand l'article a été rédigé] ?
