la Cour des Comptes et le financement des sports pros

[Autochtone palois]

Le Monde signale la publication d'un nouveau rapport de la Cour des Comptes, qui concerne les subventions des sports pros par les collectivités locales, sous le titre « Les collectivités territoriales et les clubs sportifs professionnels »
En Aquitaine, seuls les cas de Bayonne et Agen sont cités. Il s'agit seulement d'exemples, pas d'un classement.

Il serait intéressant, à la lumière de ce rapport, d'analyser la situation de Pau et de sa CDA.

LE MONDE | 10.12.09

Pour la Cour des comptes, l’argent consacré par les villes au sport professionnel n’est pas toujours bien utilisé

La Cour des comptes épingle Paris ainsi qu'une vingtaine de grandes villes (Marseille, Toulon, Lyon, Nancy, Niort...) pour leur contrôle souvent défaillant des clubs sportifs professionnels qu'elles subventionnent. Un constat qui tombe à l'heure où Bertrand Delanoë envisage de bâtir un nouveau stade de rugby, à Paris, et où douze grandes villes prévoient d'investir pour leurs enceintes sportives dans la perspective de l'Euro 2016.

Dans un rapport, rendu public jeudi 10 décembre, la Cour estime que les maires se préoccupent d'abord du "besoin de financement des sociétés sportives", sans se soucier suffisamment des risques financiers qu'elles courent à soutenir les clubs, ni des retombées en terme économique ou social. Ce rapport cite l'exemple de Paris. La capitale consacrera 9,5 millions d'euros, en 2010, au "sport de haut niveau". Un "effort élevé", souligne la mairie de Paris, malgré une baisse de 1,4 millions dans le budget qui sera voté lundi 14 décembre.(...)

[Néo]

La capitale consacrera 9,5 millions d'euros, en 2010, au "sport de haut niveau". Un "effort élevé", souligne la mairie de Paris, malgré une baisse de 1,4 millions dans le budget qui sera voté lundi 14 décembre

Pau dépense autant (ou un montant du même ordre de grandeur) que Paris pour le sport pro alors que le rapport entre les 2 agglo est de l'ordre de 1 à 70.
Sans commentaires...

[xav]

En pleine crise économique il y a de quoi s'étrangler !!!!!!!

[Pierre]

Les 9,5M€ de Paris ne sont pas directement comparables aux 9M€ de Pau !

Les 9,5M€ de Paris sont uniquement les subventions+prestations (voire les subventions seules, ce n'est pas très clair) aux clubs pros, alors que les 9M€ de Pau incluent en plus les manifestations ponctuelles (Grand Prix, concours hippique...) et les coûts des grands équipements sportifs. Si on ne prend en compte que les subventions+prestations aux clubs pros, les 9,5M€ de Paris se comparent à un peu moins de 3M€ à Pau.

Par ailleurs le chiffre de la cour des comptes ne concerne que la ville de Paris (2 millions d'habitants), alors qu'à Pau les chiffres que l'on donne sont pour toute l'agglo (160 000 habitants). Il faudrait tenir compte des contributions au sport pro de toutes les villes de l'agglomération parisienne (qui est 5 fois plus grosse que la ville de Paris seule!) pour pouvoir comparer directement avec Pau. Je n'ai aucune idée de combien ça ferait. Mettons que ça double, ça ferait 20M€ pour l'agglo parisienne. Soit 6-7 fois plus qu'à Pau pour une population 70 fois supérieure, donc proportionnellement en fait 10 fois moins qu'à Pau.

Ce qui reste de toutes façons très défavorable à Pau ! Mais l'écart énorme est du aussi en partie à l'effet "très grand ville" de Paris. C'est mieux de comparer à des villes du même ordre de taille.

[Pierre]

Reste que ce rapport, que je n'ai que parcouru, me semble très instructif. En particulier, je suis sûr que si on y regardait de près, à Pau comme ailleurs (mais peut-être plus qu'ailleurs!), il apparaitrait que de nombreuses pratiques sont à la limite de la légalité, et pas toujours du bon côté de la limite.

Il faudrait avoir du temps pour éplucher tout ça et le cas échéant emmener la ville au tribunal administratif, je suis sûr qu'il y aurait matière.

[Autochtone palois]

La Chambre régionale des Comptes devrait s'inspirer de ce rapport et nous en dire plus sur la situation à Pau. Mais il me semble avoir compris que dans les plans du gouvernement il est prévu qu'elle disparaisse.

Sur Wikipedia :

Le processus de concertation a fait l'objet de propositions remises à l'été 2008 aux services du président de la République et du Premier ministre. Ces propositions ont été reprises pour l'essentiel dans un projet de loi déposé par le Gouvernement sur le bureau de l'Assemblée nationale le 29 octobre 2009. Le 17 novembre 2009, une partie des magitrats des chambres régionales et territoriales des comptes était en grève pour contester certaines orientations retenues dans le projet de loi et son étude d'impact : diminution du contrôle du secteur public local malgré l'importance des compétences transférées aux échelons locaux, centralisation de la programmation, responsabilité des gestionnaires inachevée, augmentation des missions et baisse des effectifs, remise en cause de l'équilibre de la décentralisation, éloignement du juge et du justiciable.

[Néo]

Pau, c'est un peu le "syndrome du Titanic".
Le bateau, dans un état lamentable, coule, mais l'orchestre (de Pau à 1 M€ par an + salles) continue à jouer, tout comme l'EB, la SP, le PFC...

[Autochtone palois]

Ces temps-ci Georges Frêche a encore dérapé. Cette fois il va se retrouver dans le décor. Mais c'est l'occasion pour Le Monde de rappeler comment l'agglo de Montpellier réussit à avoir des équipes dans l'élite nationale de différents sports (Foot, rugby, handball, etc.) et des équipements de haut niveau. Mais Montpellier c'est 260.000 habitants. Les finances sont revues à la baisse. Ce n'est pas forcément le bon exemple, mais la comparaison avec Pau mérite d'être faite.

En tout, dix-huit clubs sont soutenus par la communauté d'agglomération, présidée par Georges Frêche. Trop ? Selon le vice-président de l'agglomération chargé des sports, Jacques Martin, la part du budget consacrée au sport professionnel est "importante mais pas déraisonnable". "Nous dépensons moins pour le sport que pour la culture", assure M. Martin, qui souligne aussi qu'une grande part des dépenses est consacrée à l'amélioration des équipements, et notamment à la construction de stades. Autre interrogation : la ville et l'agglomération peuvent-elles garder le cap par temps de crise ? Le budget 2009 a vu les aides accordées aux clubs diminuer de 25 %. Pour 2010, une nouvelle baisse de 25 % était programmée, mais le président Frêche a finalement choisi d'accorder un répit aux clubs, en grand danger financier. Pour garder l'équilibre, il a fallu renoncer à la construction d'une des piscines en projet dans la ville. La question provoque d'ailleurs, selon Montpellier Journal, des frictions entre le président de l'agglomération, Georges Frêche, et son vice-président. "Désinformation", assure aujourd'hui Jacques Martin.

Montpellier a déjà eu à choisir entre ses clubs. En 2002, les restrictions financières avaient fait une victime : le Montpellier Paillade Basket. A l'époque, le club était en proie à de sérieuses difficultés financières, et la ville a choisi de le laisser mourir pour concentrer son action sur l'équipe féminine. "C'était une équipe composée de mercenaires américains qui ne gagnait même pas ses matches", justifie Sophie Boniface-Pascal, de la mairie. L'ombre de Louis Nicollin plane aussi sur cette affaire. Grand ami de Georges Frêche, patron d'une entreprise de ramassage de déchets connu pour ses dérapages verbaux, le patron du MHSC, le club de foot, a ou a eu un pied dans à peu près tous les clubs de la ville. En 2002, Nicollin songeait à reformer un vrai club omnisports à Montpellier. Mais il a finalement préféré s'engager avec le Paris Basket Racing, plutôt que d'essayer de sauver le club de la capitale du Languedoc-Roussillon à l'agonie.
Benoît Vitkine

http://www.lemonde.fr/sport/article/201 ... L-32280184

[Pierre]

Montpellier c'est à peu près 3 à 4 fois Pau. Il ont dépensé 32M€ en 2007 pour le sport, mais il n'y a pas de distinction faite entre sport pro et amateur. A comparer avec les 9-10M€ dépensés à Pau pour le sport pro...
http://www.montpellier-agglo.com/988371 ... 9291527598

[Néo]

http://www.sudouest.com/accueil/actuali ... 76825.html

« Le contribuable est souvent sollicité, mais seul l'actionnaire club et les partenaires commerciaux perçoivent les dividendes », rappelle l'économiste du sport Jean-François Bourg.

Le surcroît d'activité suscité par le spectacle sportif est régulièrement mis en avant pour justifier l'appel aux deniers publics. « Il est fréquemment surévalué, tempère Jean-François Bourg. L'argent dépensé au stade l'est forcément au détriment des autres commerces de la cité. Et une part non négligeable des revenus distribués aux joueurs ne profite pas à l'économie locale. Ne mélangeons pas retombées et rentabilité sociale. Sinon, on privilégierait la construction d'un casino, générateur de recettes élevées pour une ville, à celle d'un hôpital ! »

Même si les salaires indécents des footballeurs professionnels choquent de plus en plus, la France ne connaît pas de mouvement de rejet similaire à celui survenu à Charlotte, en 2001, aux USA. Lors d'un référendum, les habitants avaient dit non à la construction d'une superbe salle de basket destinée à accueillir les stars de la NBA.

L'opinion est pour l'heure favorable à l'engagement des collectivités publiques.

Merci à SO pour cet article de fond. C'est tellement rare dans la presse...
Le peuple veut du pain et des jeux... Le pb pour lui, c'est qu'à force de se gaver de jeux, un jour, il n'aura plus de pain ! A Pau encore bien plus qu'ailleurs, quoi que les Juppé et Frêche restant trop longtemps au pouvoir, finissent s'y adonner aussi.

[Pierre]

Le surcroît d'activité suscité par le spectacle sportif est régulièrement mis en avant pour justifier l'appel aux deniers publics. « Il est fréquemment surévalué, tempère Jean-François Bourg. L'argent dépensé au stade l'est forcément au détriment des autres commerces de la cité.

C'est une remarque que je me suis souvent faite, en effet. Elle est d'une telle évidence qu'on ne pense même pas à la rappeler. Si les gens ne dépensaient pas leur argent au stade, ils le dépenseraient ailleurs, et l'activité économique serait la même...

Autre remarque bien vue dans cet article :

avantage non négligeable, les élus qui l'auront lancé ne seront plus là pour en faire les frais si d'aventure l'opération capote.