"Situation qui devient problématique"... "La mairie inquiète"... "Branle-bas de combat"... "Dorénavant il y aura des dépôts de plaintes"...
Le sujet doit être d'importance pour provoquer une telle prise de conscience et de telles réactions à la mairie. Les élus ont-ils décidé de prendre le taureau par les cornes suite au choc de l'annonce récente du taux de pauvreté de 25% à Pau (1) ? Sont-ils terriblement inquiets du manque d'attractivité du bd des Pyrénées, le fleuron de Pau, sur lequel il n'existe aucun hôtel ? Ont-ils pris conscience que l'inexistence politique de la CDA mettait en danger l'avenir de l'agglomération et qu'il fallait absolument s'attaquer à ce problème ? Ont-ils décidé de prendre des mesures strictes pour mettre fin aux dérives des appels d'offres de luxe de la ville et de la CDA (2) ?
Non, en fait il s'agit des incivilités. Bon, c'est tout de même pas mal qu'ils commencent à réagir avec vigueur sur cette question. Depuis trop longtemps à Pau l'impunité est la règle pour les automobilistes qui se garent sur les trottoirs ou n'importe où au risque de créer des accidents (3), les scooters trafiqués qui font un boucan d'enfer et dérangent plein de monde, les merdes de chiens partout en ville... Il était temps de sévir.
Ah oui, mais non. Il s'agit bien d'incivilités, mais le courroux municipal se limite à une incivilité bien précise : le crime de lèse-bégonias. Oui, des vandales ont à plusieurs reprises déterré les fleurs des (horribles) jardinières de la rue Serviez (accrochées aux crétines barrières séparant la chaussée du trottoir dans une rue soit disant piétonne) et du Pont Oscar. C'est pas bien, certes, mais la soudaineté de la réaction est inhabituelle :
"Déliquance botanique", n'hésite pas à clamer le conseiller Marc Jubault-Bregler
"Une montée en puissance des actes d'incivilité", tonne Martine Lignières-Cassou, qui découvre subitement la vérité que son entourage avait réussi à lui cacher pendant 35 ans.
"Désormais, toute dégradation de jardinière sera suivie d'un dépôt de plainte de la part de la mairie" : tolérance zéro pour les délinquants botaniques, qui n'auront pas droit à une campagne d'affichage 4x3m avec les slogans "Touche pas à mon pot" ou "Les géraniums sont des êtres humains comme les autres", ni à la visite polie des employés municipaux pour leur dire que c'est pas bien, petits canailloux... Non, direct au trou les décapiteurs de fleurs !
On s'interroge devant les raisons d'un tel revirement de stratégie...
Mais en fait c'est tout simple : si le jury du concours des villes fleuries passe maintenant, Pau va se rétamer et perdre sa 4ème fleur sur les petits panneaux à l'entrée de l'entrée. Voilà ce qui inquiète nos élus au-delà de tout, plus que l'avenir économique de la CDA, plus que le million d'euros par de déficit du stade d'eaux-vives. Vous comprenez, sans la 4ème fleur Pau est rayée de la carte : les hordes de touristes décidant chaque année de leur lieu de séjour le guide du concours des villes fleuries à la main, ne mettront plus un pied à Pau !
La perte de la 3ème étoile au Michelin conduit bien des restaurateurs à la dépression. MLC va-t'elle sombrer elle aussi ? On imagine la cérémonie dégradante de retirage de la 4ème fleur, au cours de laquelle MLC devra aller s'agenouiller devant une horde d'horticulteurs en toge avec une petite cagoule pointue, et leur tendre symboliquement une rose dont ils briseront la tige pour lui signifier sa déchéance... Terrible !
Il faut tout faire pour éviter ça. Allons tous planter quelque chose dans les jardinières de Serviez et surveillons les 24h/24 jusqu'au passage du jury !
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(1) viewtopic.php?f=5&t=1007
(2) http://www.alternatives-paloises.com/ar ... forum47462
(3) viewtopic.php?f=30&t=656